Charles le Téméraire (Bourgogne) (1433-1477)
Charles le Téméraire
Le noble français Charles le Téméraire (1433-1477) fut duc de Bourgogne de 1467 à 1477. Au cours de sa vie, l’État bourguignon atteint l’apogée de sa puissance politique, économique et culturelle.
Dernier des quatre ducs Valois de Bourgogne, Charles le Téméraire régnait sur un ensemble hétérogène de territoires allant de la mer du Nord aux Pays-Bas autour de la limite orientale du royaume de France et se terminant près de la côte méditerranéenne en Provence. Le “Grand Duché de l’Ouest”, comme on l’appelait la Bourgogne, possédait la plus grande importance stratégique et diplomatique, la richesse et la culture de toute principauté du XVe siècle. La politique indépendante des prédécesseurs de Charles, Philippe le Hardi, Jean l’Intrépide et Philippe le Bon, avait fait de la Bourgogne le pouvoir clé dans la résolution de la guerre de Cent Ans entre l’Angleterre et la France, ainsi que l’influence la plus importante sur la stabilité politique du royaume de France. La vie et la carrière de Charles le téméraire représentaient la plus grande menace pour les efforts de Louis XI pour stabiliser le royaume de France en rétablissant l’autorité royale sur celle des grands princes.
Charles est né à Dijon, la capitale de la Bourgogne, le 25 novembre 1931. 11, 1433, fils de Philippe le Bon et d’Isabelle de Portugal. Fait comte de Charolais alors qu’il était encore enfant, il fut dès sa naissance le seul héritier du duché et fut soigneusement éduqué pour son rôle d’arbitre des fortunes de Bourgogne. Il a beaucoup lu l’histoire, est devenu un administrateur et un orateur efficace et est devenu un dirigeant impitoyable et ambitieux. Les traits de personnalité qu’il semble avoir développés très tôt — une forte volonté, une obstination et peu de maîtrise de ses émotions, en particulier face à des revers personnels ou politiques — coïncident bien avec son surnom, ” le Téméraire ” (” l’Audacieux “, ou comme certains le voudraient, ” l’Téméraire “). Le caractère politique de Charles fut encore façonné par sa réticence à se considérer comme un sujet du roi de France et par son désir de suivre une voie diplomatique indépendante et dangereuse dans ses relations avec l’Angleterre et la France, dans la politique intérieure française et dans les affaires des territoires allemands qui bordaient les siens à l’est.
Lutte avec le roi
Empêché d’exercer le pouvoir en Bourgogne par le long règne de son père et par une animosité persistante qui s’est développée entre les deux, Charles n’a eu de cesse d’intervenir dans les luttes entre le roi de France Louis XI et ses nobles, notamment lors de la rébellion dite de la Ligue de la Santé Publique (1465-1466). Après la première de ses nombreuses trêves avec Louis, Charles épouse Marguerite d’York, sœur du roi d’Angleterre Édouard IV, et rouvre ainsi la menace d’une alliance anglo-bourguignonne, une manœuvre diplomatique qui avait effectivement menacé la France au début du siècle et constituait toujours le plus grand danger pour le pouvoir royal français.
L’ambition croissante de Charles pousse Louis à prendre la mesure inédite et dangereuse de forcer une entrevue personnelle en organisant une confrontation surprise avec Charles à Péronne en octobre 1468. Mais Charles apprit les tentatives du roi de fomenter une rébellion dans les territoires bourguignons précisément au moment où Louis était son “invité”.”À cette occasion, Charles obtint de Louis un certain nombre de concessions qui renforçaient considérablement le pouvoir des nobles français rebelles et assuraient la position de Charles en tant que chef de la noblesse et principal rival — et menace — pour le roi.
Le succès écrasant de Charles à Péronne semble avoir accru son ambition et avoir relancé ou généré son idée de séparer la Bourgogne de la France en négociant avec l’empereur Frédéric III pour faire de la Bourgogne un royaume indépendant. Par le traité de Saint-Omer en 1469, Charles acquiert un certain nombre de territoires stratégiques reliant ses possessions du nord et du sud, établissant encore plus la Bourgogne comme une puissance séparée en tout sauf en nom de la France. Avec ses alliés allemands, anglais, français et aragonais, Charles tenta en 1471 et à nouveau en 1472 de constituer de grandes coalitions militaires contre Louis XI. Bien que celles-ci ne se matérialisèrent pas, en 1474, Charles était au sommet de sa puissance, une menace redoutable pour la France et la seule force clé dans les arrangements diplomatiques de l’Occident.
Défaite pour Charles
En 1474, à la veille d’une nouvelle coalition anglo-bourguignonne contre la France, la détermination et l’obstination de Charles l’entraînent dans une succession d’erreurs diplomatiques et militaires. Au lieu de soutenir la force d’invasion d’Édouard IV, Charles poursuit une campagne militaire infructueuse en Allemagne, abandonnant ainsi son allié et permettant à Louis d’inciter Édouard à faire une paix finale. Le Traité de Picquigny qui s’ensuivit (1475) marque la résolution définitive de la guerre de Cent Ans.
Humilié d’avoir été déjoué par Louis et confronté à des révoltes en Alsace, Charles lance des attaques punitives contre le duché de Lorraine et les Suisses, qui avaient apporté leur aide à Louis. En 1476, les Suisses battent Charles à Grandson et à nouveau à Morat. Engagé dans une politique de punition des alliés de ses ennemis, Charles finit par être victime de son propre tempérament. ” Plus Charles devenait impliqué, écrivait son contemporain Philippe de Comines, plus il devenait confus.”Poussé à la fureur par ses revers aux mains des Suisses, Charles força une troisième bataille à Nancy en 1477, au cours de laquelle l’armée bourguignonne fut à nouveau vaincue et Charles tué. La mort de Charles laisse sa fille de 20 ans, Marie de Bourgogne, comme seule héritière des richesses et des territoires bourguignons.
Lectures complémentaires
Il n’existe pas de biographie adéquate de Charles le Téméraire en anglais. L’ouvrage standard, en français, est J. Bartier, Charles le Téméraire (1944). Une œuvre ultérieure, également en français, est Marcel Brion, Charles le Téméraire, grand duc d’Occident (1947). La vie de Charles est traitée de manière adéquate dans Joseph Calmette, L’Âge d’or de la Bourgogne (1956; trans. 1963). Une image détaillée de la riche vie de cour de Bourgogne se trouve dans Otto Cartellieri, La Cour de Bourgogne (1926; trans. 1929). L’importance de la culture bourguignonne est décrite dans le brillant travail de J. Huizinga, Le déclin du Moyen Âge (1924). Cependant, le récit le plus vivant de Charles et Louis XI reste les Mémoires de Philippe de Comines, contemporain de Charles, (disponibles dans de nombreuses éditions et traductions).