Expliqué : Les rouages de la citoyenneté indienne

Qu’est-ce que la citoyenneté?

La population d’un État est divisée en deux catégories: les citoyens et les non-citoyens. Un citoyen d’un État jouit de tous les droits civils et politiques. Un non-citoyen, en revanche, ne jouit pas de ces droits.

En vertu de la constitution indienne, certains droits fondamentaux ne sont accessibles qu’aux citoyens, à savoir: Le droit contre toute discrimination fondée sur la religion, la race, la caste, le sexe ou le lieu de naissance (article 15); droit à l’égalité des chances en matière d’emploi public (article 16); liberté d’expression et d’expression, de réunion, d’association, de mouvement, de résidence et de profession (article 19); droits culturels et éducatifs (articles 29 et 30); et droit de vote et de devenir membre de l’union et des législatures des États.

Plusieurs bureaux peuvent également être occupés exclusivement par des citoyens: président (article 58, paragraphe 1, point a), vice-président (article 66, paragraphe 2)), juges de la Cour suprême (article 124, paragraphe 3)) et de la haute cour (article 217, paragraphe 2)), gouverneur d’un État (article 157), procureur général (article 76, paragraphe 1)) et avocat général (article 165).

L’égalité devant la loi ou l’égale protection des lois sur le territoire indien (article 14) et la protection de la vie ou de la liberté personnelle (article 21) s’appliquent également aux non-citoyens.

Quelles sont les dispositions constitutionnelles relatives à la citoyenneté en Inde?

La constitution indienne ne prescrit pas de disposition permanente relative à la citoyenneté en Inde. Il décrit simplement les catégories de personnes qui sont réputées être des citoyens de l’Inde le jour de la promulgation de la Constitution indienne le 26 janvier 1950, et laisse la citoyenneté être réglementée par une loi adoptée par le Parlement.

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L’article 11 de la constitution confère au parlement le pouvoir de légiférer en matière de citoyenneté. La Loi de 1955 sur la citoyenneté indienne a été adoptée en application de cette disposition.

Qui étaient les personnes qui étaient considérées comme des citoyens de l’Inde lors de la promulgation de la constitution?

Il existe quatre catégories de personnes, identifiées entre les articles 5 et 8 de la constitution, qui ont été considérées comme éligibles pour devenir citoyens de l’Inde lorsque la constitution est entrée en vigueur.

i) Citoyenneté par domicile (article 5): Une personne qui est née en Inde ou l’un de ses parents est né en Inde ou la personne doit avoir résidé ordinairement sur le territoire de l’Inde pendant au moins cinq ans immédiatement avant l’entrée en vigueur de la constitution. Le domicile d’une personne est dans le pays dans lequel elle a ou est réputée par la loi avoir son domicile permanent.

ii) Citoyenneté des migrants du Pakistan en Inde (article 6): Les personnes qui ont migré du Pakistan vers l’Inde ont été classées en deux catégories: i) ceux qui sont venus en Inde avant le 19 juillet 1948 et ii) ceux qui sont venus le 19 juillet 1948 ou après.

Manifestations contre la Loi modifiant la citoyenneté à Bengaluru le 15 décembre 2019. Photo: PTI / Shailendra Bhojak

Dans le cas de personnes qui migrent avant le 19 juillet 1948, si la personne réside habituellement en Inde depuis la date de sa migration, et dans le cas d’une personne qui migre le 19 juillet 1948 ou après, si elle a été enregistrée en tant que citoyenne de l’Inde, après avoir résidé pendant au moins six mois immédiatement avant la date de la demande d’enregistrement, par un officier nommé par le gouvernement de l’Inde, est réputée être une personne citoyen de l’Inde.

iii) Citoyenneté des migrants du Pakistan (article 7): Si un citoyen de l’Inde a émigré au Pakistan après le 1er mars 1947, mais est retourné en Inde sur la base d’un permis de réinstallation en Inde, la personne a le droit de devenir citoyenne de l’Inde si elle s’enregistre comme citoyenne de l’Inde, après avoir résidé pendant au moins six mois immédiatement avant la date de la demande d’enregistrement, par un officier nommé par le gouvernement de l’Inde.

iv) Citoyenneté des personnes d’origine indienne résidant en dehors de l’Inde (article 8): Les ressortissants indiens (dont les parents ou les grands-parents sont nés en Inde au sens de la Loi de 1935 sur le gouvernement indien) résidant à l’étranger se voient conférer la citoyenneté indienne, comme s’ils avaient été enregistrés par les représentants diplomatiques ou consulaires de l’Inde dans le pays où ils résident.

Quelles sont les dispositions de la Loi de 1955 sur la citoyenneté?

La Loi prévoit l’acquisition de la citoyenneté indienne de la manière suivante:

i) Citoyenneté de naissance: Toute personne née en Inde le 1er janvier 1950 ou après cette date serait considérée comme citoyenne de naissance. Cette limite a été modifiée pour inclure les personnes nées entre le 1er janvier 1950 et le 1er juillet 1987.

En vertu de la Loi de 2003 portant modification de la citoyenneté, les personnes nées après le 3 décembre 2004 seraient considérées comme des citoyens de l’Inde si l’un des parents est indien ou si l’un des parents est citoyen de l’Inde et que l’autre n’était pas un migrant illégal au moment de la naissance de la personne.

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“Migrant illégal” désigne un étranger entré en Inde: sans passeport ou documents de voyage valides; ou avec un passeport ou des documents de voyage en cours de validité mais restés dans le pays au-delà de la période autorisée.

ii) Citoyenneté par ascendance: Une personne née en dehors de l’Inde est considérée comme citoyenne de l’Inde si l’un des parents de la personne était citoyen de l’Inde au moment de sa naissance à condition que la naissance soit enregistrée dans l’année suivant sa survenance ou le début de l’Acte, selon la dernière éventualité, au consulat indien.

iii) Citoyenneté par enregistrement: Une personne peut être enregistrée en tant que citoyen indien si elle est mariée à un citoyen indien ou a résidé en Inde pendant cinq ans immédiatement avant de présenter une demande d’enregistrement.

iv) Citoyenneté par naturalisation: Une personne reçoit un certificat de naturalisation si elle n’est pas un migrant illégal et a résidé en Inde pendant 12 mois avant de présenter une demande de certificat. Sur les 14 années précédant cette durée de 12 mois, la personne doit avoir séjourné en Inde pendant 11 ans.

v) Citoyenneté par incorporation du territoire: Si un nouveau territoire devient une partie de l’Inde, le gouvernement indien précise les personnes du territoire qui sont des citoyens de l’Inde.

Si le gouvernement central est d’avis qu’un demandeur est une personne qui a rendu des services distingués à la cause de la science, de la philosophie, de l’art, de la littérature, de la paix mondiale ou du progrès humain en général, il peut renoncer à toutes les conditions spécifiées pour obtenir la citoyenneté indienne.

Quelles sont les dispositions de la Loi de 2019 sur la citoyenneté (Modification)?

La loi nouvellement modifiée prévoit l’octroi de la citoyenneté indienne aux Hindous, Sikhs, Jaïns, Bouddhistes, Parsis et Chrétiens du Pakistan, du Bangladesh et d’Afghanistan qui sont venus en Inde au plus tard le 31 décembre 2014.

La loi ne sera pas étendue aux musulmans Rohingyas persécutés au Myanmar ; aux musulmans chiites et Ahmadiyas au Pakistan; aux Hazaras, Tadjiks et Ouzbeks en Afghanistan; aux Tamouls au Sri Lanka ; et aux athées au Bangladesh.

La Loi de 2019 sur la citoyenneté (Amendement) est-elle inconstitutionnelle?

Avant 2019, les modifications apportées à la Loi de 1955 sur la citoyenneté ne limitaient jamais explicitement l’octroi de la citoyenneté à certaines communautés religieuses. Les gouvernements précédents avaient une approche holistique – soit ils n’ont jamais accordé la citoyenneté aux migrants illégaux, soit ils ont fourni la citoyenneté aux migrants illégaux appartenant à toutes les communautés.

L’omission de certaines communautés religieuses a soulevé des questions quant à savoir si les pouvoirs séculiers de la constitution étaient écartés. Plus encore, le refus spécifique de la citoyenneté aux musulmans, par le gouvernement du BJP qui a été très virulent sur ses positions islamophobes, laisse entendre qu’un programme communautaire plus large du BJP et du RSS est en jeu.

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Les experts juridiques disent que la nouvelle loi sur la citoyenneté viole le droit fondamental en vertu de l’article 14 de la constitution indienne qui garantit une protection égale des lois, même aux étrangers, sur le territoire de l’Inde.

Qu’en est-il de la citoyenneté pour les musulmans indiens?

Dans la nouvelle loi sur la citoyenneté, les musulmans du Pakistan, du Bangladesh, du Myanmar et d’Afghanistan ont été exclus. Cependant, il reste suffisamment de raisons de s’inquiéter pour les musulmans indiens qui pourraient être déchus de leur citoyenneté par le biais du Registre national des Citoyens (NRC) – comme dans le cas de l’Assam – après quoi ils ne se verraient pas accorder la citoyenneté indienne en vertu du dernier Amendement à la Loi sur la citoyenneté car il exclut explicitement les membres de la communauté musulmane.

Existe-t-il des États exemptés de la mise en œuvre de la Loi de 2019 sur la citoyenneté (Amendement)?

Les parties du nord-est sous le régime du permis de ligne intérieure (ILP) et celles incluses dans la sixième annexe de la Constitution indienne ont été exemptées de l’application de la Loi sur la citoyenneté (Amendement). Le projet de loi stipule: “Rien dans la présente section ne s’applique aux zones tribales d’Assam, du Meghalaya, du Mizoram ou du Tripura telles qu’incluses dans la Sixième Annexe de la Constitution et à la zone couverte par la “Ligne Inter” notifiée en vertu du Règlement sur la frontière orientale du Bengale, 1873.”

Pour entrer dans l’Arunachal Pradesh, le Nagaland (à l’exclusion de Dimapur) et le Mizoram, il faut un permis spécial ILP. Par conséquent, l’Arunachal Pradesh, le Nagaland et le Mizoram ainsi que des parties du Meghalaya, de l’Assam et du Tripura ont été exclus du champ d’application de la Loi sur la citoyenneté (Amendement).

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