Guerre des Îles Chincha

Ce conflit inattendu (1864-1866) entre l’Espagne et une coalition de plusieurs pays d’Amérique latine représentait une tentative tardive de l’Espagne de reprendre le contrôle de ses anciennes colonies. Profitant de l’implication des États-Unis dans leur propre guerre civile, qui a miné sa capacité à appliquer vigoureusement la Doctrine Monroe (une politique qui interdisait aux nations européennes de s’immiscer en Amérique latine), l’Espagne a occupé le territoire de l’actuelle République dominicaine, puis a envoyé une expédition navale au Pérou. Apparemment en mission scientifique, le commandant de l’escadron, l’amiral Luis Hernández Pinzon, a donné des ordres secrets pour soutenir les citoyens espagnols s’ils se plaignaient que leurs pays hôtes les maltraitaient. Les Espagnols trouvèrent bientôt des raisons d’intervenir.

En 1863, un groupe de travailleurs espagnols a accusé un hacendado péruvien d’avoir abusé d’eux. Lorsque les tribunaux locaux ont donné raison au propriétaire foncier, l’Espagne a envoyé un émissaire pour protéger ses ressortissants. Le gouvernement péruvien, cependant, a refusé de le rencontrer tant que l’Espagne n’avait pas reconnu l’existence de la république péruvienne.

Insultée par les actions du Pérou et arguant qu’un état de guerre existait toujours entre les deux nations — elles n’avaient jamais signé de traité de paix — l’Espagne s’empara des îles Chincha du Pérou, des terres recouvertes de guano. La loi espagnole a exaspéré le Pérou car les exportations de cet engrais riche en nitrates ont financé son économie. Il a également affligé les voisins du Pérou, en particulier le Chili, qui a organisé un congrès international pour protester contre l’agression de Madrid. Les Espagnols sont restés impassibles, exigeant que le Pérou paie 3 millions de pesos s’il souhaitait reprendre possession des îles. Sans les revenus des ventes de guano, qui constituaient la principale source de revenus du Pérou, Lima n’avait d’autre choix que de capituler. Ainsi, en janvier 1865, le Pérou a payé l’extorsion.

L’affaire n’en finit pas : Madrid, affligé par les insultes chiliennes, ordonne à sa flotte de se diriger vers le sud. Lorsque le Chili a refusé de s’excuser pour avoir insulté le gouvernement de Madrid ou pour saluer le drapeau espagnol, Pareja a bloqué Valparaiso. Le Chili ne réagit pas seulement en déclarant la guerre à l’Espagne, mais, en février 1866, il convainc également la Bolivie, l’Équateur et le Pérou de se joindre à une coalition anti-espagnole. Dans la guerre maritime qui a suivi, le Chili a capturé une corvette espagnole, la Covadonga, qui a tellement déprimé Pareja qu’il s’est suicidé.

Son remplaçant, l’amiral Casto Méndez, ne parvient pas à vaincre la flotte alliée. Enfin, il a exigé que le Chili tire un salut de vingt et un coups de canon vers l’Espagne ou qu’il bombarde Valparaiso. Lorsque le Chili refusa, le 31 mars 1866, les navires de Méndez bombardèrent le port sans défense, le réduisant en ruines. Les Espagnols ont ensuite navigué vers le nord pour attaquer le principal port Callao du Pérou. Mais le 2 mai 1866, les batteries côtières péruviennes repoussent Méndez. Isolé, sans ravitaillement et confronté à des équipages mutins, Méndez rentre en Espagne. L’expédition avait été un fiasco, ne gagnant guère l’Espagne que l’Amérique latine, les États-Unis, qui semblaient stupides de ne pas appliquer vigoureusement la doctrine Monroe, et l’Europe.

Voir Aussiîles de Chincha.

BIBLIOGRAPHIE

Cortada, James W. Spain and the American Civil War: Relations at Mid-Century, 1855-1868. Philadelphia: American Philosophical Society, 1980.

Davis, William C. Les Derniers Conquistadores: L’intervention espagnole au Pérou et au Chili, 1833-1866. Athènes : Presses de l’Université de Géorgie, 1950.

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