Hématome épidural spontané de la colonne cervicale

La faiblesse unilatérale est une présentation d’urgence courante avec une étiologie diverse, y compris un accident vasculaire cérébral.1,2 Des études ont rapporté un taux d’accident vasculaire cérébral et d’accident ischémique transitoire erroné d’environ 10%.3 Ce cas présente un imitateur d’AVC inhabituel où un traitement avec un anticoagulant aurait pu entraîner des résultats indésirables. Il souligne également l’importance de considérer un hématome épidural rachidien cervical spontané (SCSEH) comme un imitateur d’AVC. Ceci est particulièrement pertinent lorsque les symptômes d’un patient ne sont pas entièrement compatibles avec un accident vasculaire cérébral aigu, afin d’éviter une anticoagulation potentiellement dangereuse et de permettre un traitement rapide de l’hématome.

Cas

Une femme de 68 ans s’est présentée à l’URGENCE par ambulance avec la plainte de symptômes ressemblant à un AVC. Elle avait des antécédents de faiblesse soudaine du bras droit et de la jambe pendant 2 heures avec perte de sensation et douleur au cou du côté droit. Elle se plaignait également d’un léger mal de tête du côté droit, qui avait un début insidieux et était présent depuis 2 jours. Elle avait récemment terminé un traitement antibiotique pour une infection des voies urinaires. Il n’y avait pas d’antécédents de traumatisme. Le patient n’avait pas d’antécédents médicaux significatifs, ne prenait aucun médicament et était un non-fumeur avec un indice de masse corporelle normal. Ses antécédents familiaux étaient importants pour les accidents vasculaires cérébraux.

À son arrivée à l’urgence, la patiente avait une pression artérielle de 179/95 mm Hg; ses autres signes vitaux étaient normaux. À l’examen, elle avait une hémiplégie du côté droit, avec une note de puissance de 0/5 observée pour la force motrice de son bras et de sa jambe droits. Elle a signalé des paresthésies dans les dermatomes C4 à C5 et L3 à L5. Il y avait une extrême tendresse lorsque son trapèze droit et ses muscles paraspinaux supérieurs étaient palpés, mais elle n’avait pas de sensibilité de la colonne cervicale médiane et avait une amplitude de mouvement complète, bien que douloureuse, de son cou. Son côté gauche n’a pas été affecté. Elle avait des nerfs crâniens normaux, aucun dysfonctionnement cortical plus élevé, un score de 15 sur l’échelle du Coma de Glasgow (GCS) et un contrôle complet de sa vessie et de ses intestins.

Une angiographie par tomodensitométrie (CTA) des artères carotides et une tomodensitométrie de la tête ont été ordonnées pour exclure un AVC aigu et une dissection de l’artère carotide. Le scanner de la tête n’a montré aucun saignement aigu ni signe d’infarctus. Cependant, le CTA a soulevé des soupçons d’un SCSEH.

Une imagerie par résonance magnétique ultérieure a montré une lésion épidurale postérieure droite mesurant de 3 à 3,5 cm de longueur et de 8 à 9 mm d’épaisseur maximale, s’étendant du point médian de C2 au niveau du disque C3-C4. La lésion a comprimé la moelle épinière et cette sténose a été aggravée par les ostéophytes discaux postérieurs. Il y avait un seul vaisseau fortement rehausseur faisant saillie à l’intérieur de l’hématome, ce qui laissait soupçonner un saignement actif (Figure).

Les tests sanguins, y compris un dépistage de la coagulation, étaient normaux et un électrocardiogramme montrait un rythme sinusal normal à 57 battements / minute.

La patiente a été transférée à l’équipe de neurochirurgie du centre tertiaire, où elle a subi une laminectomie d’urgence en C2-C3 ce jour-là. Elle a été libérée 6 jours plus tard et s’est complètement rétablie avec la physiothérapie, retrouvant la pleine fonction de son bras et de sa jambe droits.

Discussion

Les hématomes épiduraux spontanés de la colonne cervicale sont rares, avec une incidence annuelle estimée à 0,1 cas pour 100 000 personnes.4 L’étiologie est largement inconnue, mais le SCSEH a été attribué à une source veineuse.5 Plusieurs facteurs prédisposants ont été rapportés, notamment des coagulopathies, une anticoagulation, une hernie discale, des malformations vasculaires, des néoplasmes et des causes idiopathiques.3,4

La présentation la plus fréquente d’un SCSEH est l’apparition soudaine de douleurs interscapulaires ou cervicales avec paresthésie et même paralysie. La paraplégie et la quadriplégie sont courantes; cependant, l’hémiplégie en tant que présentation d’un SCSEH est rarement rapportée dans la littérature.6-8

Dans un rapport de cas, Wang et al6 ont décrit une présentation et une gestion similaires d’un SCSEH à l’urgence comme notre cas. Cependant, le patient dans ce rapport a d’abord été traité pour un accident vasculaire cérébral avec de l’héparine, et les auteurs ont commenté que l’anticoagulation inutile aurait pu provoquer une expansion de l’hématome et une compression ultérieure de la moelle épinière.6

Notre patient et le patient décrit par Wang et al6 présentaient une hémiplégie, qui est plus souvent considérée comme une caractéristique de présentation de l’AVC et est une présentation rarement rapportée d’un SCSEH. Cependant, la douleur au cou n’est pas une caractéristique classique de l’AVC, ce qui nous a incités à commander le CTA des artères carotides et la tomodensitométrie de la tête. Cela a finalement conduit au diagnostic correct et à une prise en charge rapide, évitant une anticoagulation inutile et potentiellement dangereuse.

Conclusion

L’hémiplégie est une présentation importante, bien que rarement rapportée, d’une CSEH et ne doit pas être diagnostiquée à tort comme un accident vasculaire cérébral aigu. La douleur au cou chez un patient présentant une faiblesse unilatérale devrait être un signal rouge qui incite le médecin urgentiste (EP) à rechercher d’autres diagnostics que l’AVC. Si un patient avec un SCSEH se présente à l’urgence, une reconnaissance rapide et précise par un EP permet une intervention chirurgicale précoce, ce qui améliore les résultats cliniques, facilite la récupération neurologique et minimise les séquelles à long terme.6

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