Idéologie de la Guerre froide

Ce qu’on a appelé la Guerre froide dans les années 1950 doit être compris, dans une large mesure, comme une confrontation idéologique, et, alors que le communisme était manifestement une idéologie, le “non-communisme”, voire l'”anticommunisme” de l’Occident était négativement idéologique. S’opposer à une idéologie n’était pas nécessairement souscrire à une autre, bien qu’il y ait une forte opinion en Occident selon laquelle le monde libre avait besoin d’une idéologie cohérente pour résister avec succès à une idéologie opposée.

Le lien entre les guerres internationales et l’idéologie peut être mieux exprimé en termes de différence de degré plutôt que de nature: certaines guerres sont plus idéologiques que d’autres, bien qu’il n’y ait pas de frontière claire entre une guerre idéologique et non idéologique. Une analogie avec les guerres de religion du passé est évidente, et il existe en effet une certaine continuité historique entre les deux types de guerre. Les Croisades chrétiennes contre les Turcs et les guerres entre catholiques et protestants au début de l’Europe moderne ont beaucoup en commun avec les conflits idéologiques du XXe siècle. Les guerres de religion sont souvent des guerres communautaires, comme en témoignent celles entre Hindous et musulmans en Inde, mais un élément “idéologique” peut être découvert dans de nombreuses guerres de religion, même celles racontées dans la Bible hébraïque (Ancien Testament), dans lesquelles le peuple d’Israël est décrit comme se battant pour la cause de la justice — se battant, en d’autres termes, pour une abstraction universelle distincte d’un but local et pratique. Dans le passé, cet élément “idéologique” a pour l’essentiel été subsidiaire. Ce qui caractérise la période moderne, c’est que l’élément idéologique est devenu de plus en plus dominant, d’abord dans les guerres de religion (et la diplomatie connexe) qui ont suivi la Réforme, puis dans les guerres politiques et la diplomatie du XXe siècle.

Maurice Cranston Les rédacteurs de l’Encyclopaedia Britannica

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