La partition de l’empire Carolingien

Les royaumes créés à Verdun

Jusqu’en 861 la faction cléricale a tenté d’imposer un gouvernement de fraternité aux descendants de Charlemagne, ce qui s’est manifesté dans les nombreuses conférences qu’ils ont tenues, mais la concurrence des frères et de leurs partisans a miné les efforts cléricaux.

Francia Media s’avéra être le moins stable des royaumes, et les institutions impériales qui lui étaient liées en souffrirent. En 855, la mort de Lothar Ier est suivie d’un partage de son royaume entre ses trois fils : le territoire au nord et à l’ouest des Alpes revient à Lothar II (Lotharingie) et à Charles (royaume de Provence) ; Louis II reçoit l’Italie et le titre impérial. À la mort de Charles de Provence (863), son royaume est partagé entre ses frères Lothar II (région du Rhône) et Louis II (Provence). Après la mort de Lothar II en 869, la Lotharingie est partagée entre ses deux oncles, Louis l’Allemand et Charles le Chauve. Louis, cependant, ne prit le contrôle de sa part qu’en 870. Charles fut nommé maître des régions du Rhône de l’ancien royaume de Provence, tandis que Louis tourna l’essentiel de son attention vers la lutte contre les musulmans qui menaçaient la péninsule et les territoires pontificaux.

En Francie Occidentale, Charles le Chauve était occupé par la lutte contre les Vikings, qui ravageaient les campagnes le long de l’Escaut, de la Seine et de la Loire. Le plus souvent, le roi était obligé de payer leur départ avec de l’argent et de l’or. L’Aquitaine reste un centre de dissensions. Pendant un certain temps (jusqu’en 864) Pippin II continua d’y avoir des partisans, et Charles le Chauve tenta de les pacifier en installant ses fils — d’abord Charles l’Enfant (règne 855-866) puis Louis II (le Balbutiant; 867-877) — sur le trône d’Aquitaine. Les problèmes en Aquitaine étaient étroitement liés à l’agitation générale des magnats, qui souhaitaient garder le roi régional sous leur contrôle. En accumulant les comtés et en créant des dynasties, les magnats réussirent à se tailler de grandes principautés aux frontières encore instables : Robert le Fort et Hugues l’Abbé à l’ouest; Eudes, fils de Robert le Fort, dans cette même région et dans les environs de Paris ; Hunfred, Vulgrin, Bernard de Gothie et Bernard Plantevelue, comte d’Auvergne, en Aquitaine et dans les régions frontalières ; Boso au sud-est ; et Baldwin Ier en Flandre. Néanmoins, Charles le Chauve semblait être le souverain le plus puissant d’Occident et, en 875, le pape Jean VIII s’arrangea pour qu’il accepte la couronne impériale. Une expédition qu’il organisa en Italie à l’appel du pape échoua et les magnats de Francia Occidentalis se soulevèrent. Charles le Chauve mourut lors du voyage de retour (877). Le fils de Charles, Louis le Balbutiant, n’a régné que deux ans. À sa mort en 879, le royaume est partagé entre ses fils Louis III et Carloman. Au sud-est, cependant, Boso, comte de Vienne, s’est approprié le titre royal au royaume de Provence. Le trône impérial est resté vacant. La mort de Louis III (882) permet la réunification de la Francie Occidentale (à l’exception du royaume de Provence) sous Carloman.

En Francia Orientalis, le contrôle royal sur l’aristocratie était maintenu. Mais les forces décentralisatrices, étroitement liées aux intérêts régionaux, se sont fait sentir sous la forme de révoltes dirigées par les fils de Louis l’Allemand. Il avait pris des dispositions pour partager son royaume en 864, avec la Bavière et le Mark oriental pour aller à Carloman, la Saxe et la Franconie à Louis le Jeune, et l’Alémanie (Souabe) à Charles III (le Gros). Bien que Louis l’Allemand ait réussi à gagner une partie de la Lotharingie en 870, il n’a pas pu empêcher le couronnement de Charles le Chauve en tant qu’empereur (875). À la mort de Louis l’Allemand en 876, la partition de son royaume est confirmée. À la mort de Charles le Chauve, le fils de Louis, Carloman, s’empare de l’Italie et a l’intention de prendre le titre impérial, mais une mauvaise santé l’oblige à abandonner ses projets. Le plus jeune frère de Carloman, Charles le Gros, profite des circonstances et rétablit l’unité territoriale de l’empire. Les décès de Carloman (880) et de Louis le Jeune (882) sans héritiers permettent à Charles le Gros d’acquérir successivement la couronne d’Italie (880) et le titre impérial (881) et d’unir la Francie Orientale (882) sous son propre règne. Enfin, à la mort de Carloman, fils de Louis le Bégaieur, Charles le Gros fut élu roi de Francie Occidentale (885) ; les magnats avaient contourné le dernier héritier de Louis le Bégaieur, Charles III (le Simple), en sa faveur. Charles le Gros évita de s’impliquer en Italie, malgré les appels du pape, et concentra son attention sur la coordination de la résistance aux Vikings, qui avaient repris l’offensive dans les vallées de l’Escaut, de la Meuse, du Rhin et de la Seine. Il échoua cependant et dut acheter le départ des Vikings en 886: ils avaient assiégé Paris, qui était défendue par le comte Eudes. Les magnats de Francie Orientale se soulèvent et déposent Charles le Gros en 887.

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