La Vie et la Pensée de Zénon de Citium dans Diogène Laertius
Zénon de Citium (vers 336 – 265 avant notre ère) était le fondateur de l’École stoïcienne de philosophie à Athènes, qui enseignait que le Logos (Raison Universelle) était le plus grand bien de la vie et que vivre en accord avec la raison était le sens de la vie. Il est né dans la ville phonéco-grecque de Citium à Chypre la même année qu’Alexandre le Grand est monté sur le trône de Macédoine. Son père était un marchand qui voyageait souvent à Athènes et Zénon, naturellement, a repris la profession de son père. On ne sait pas si Zénon a étudié la philosophie dans sa jeunesse mais, vers l’âge de 22 ans, alors qu’il était bloqué à Athènes après un naufrage, il a pris une copie des souvenirs de Xénophon et a été tellement impressionné par la figure de Socrate qu’il a abandonné son ancienne vie et a fait de l’étude de la philosophie son seul intérêt.
On prétend que Zénon a dit: “J’ai fait un voyage prospère quand j’ai fait naufrage”, et il voulait dire par là que, avant sa venue à Athènes, sa vie n’avait aucun sens. La discipline de la philosophie a donné à Zénon une orientation qui lui semblait manquer en tant que marchand, et il s’est consacré à l’étude et, plus important encore, à vivre les valeurs qu’il a absorbées de ses professeurs et des livres qu’il lisait. Professeur Forrest E. Baird écrit que Zénon ” soutenait que la vertu, et non le plaisir, était le seul bien et que la loi naturelle, et non le basculement aléatoire des atomes, était le principe clé de l’univers ” (505). Les Athéniens l’ont félicité pour sa tempérance, sa constance dans la vie de ce qu’il enseignait et son bon effet sur la jeunesse de la ville. Zénon ne semble jamais avoir été du genre à tenir sa langue quand il a vu ce qu’il percevait comme de la folie chez les jeunes autour de lui, et beaucoup de ses remarques ressemblent aux déclarations que Diogène de Sinope aurait faites. Contrairement au “Socrate fou” de l’Agora (comme Diogène était connu), Zénon a vécu une vie de respectabilité athénienne traditionnelle, tout en refusant de compromettre ses principes pour ce que la société appréciait.
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Zénon a vécu et enseigné à Athènes du moment où il y est arrivé après son naufrage jusqu’à sa mort. Il est mort, apparemment d’un suicide, après avoir trébuché en sortant de l’école et s’être cassé un orteil. Allongé sur le sol, il cita une phrase du Niobé de Timothée: “Je viens de mon propre chef; pourquoi m’appeler ainsi?”et puis, interprétant l’accident comme un signe qu’il devrait partir, s’étrangla.
Sa vie et ses enseignements, comme ceux d’autres philosophes, ont été relatés plus tard par l’écrivain du IIIe siècle de notre ère Diogène Laertius dans son ouvrage The Lives and Opinions of Eminent Philosophers. Les sélections suivantes de Laertius donnent une vue du type de stoïcisme enseigné par Zénon et ses élèves vedettes Cleanthes et Chrisippe. La traduction est de C.D. Yonge:
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Selon les Stoïciens, la vérité suit la vérité, comme “C’est la lumière”, suit “C’est le jour.”Et le mensonge suit le mensonge; comme, “S’il est faux qu’il fait nuit, il est également faux qu’il fait nuit.” Parfois aussi, la vérité découle du mensonge; par exemple, s’il est faux que “la terre vole”, il est vrai que “il y a la terre.”Mais le mensonge ne découle jamais de la vérité; car, du fait que “il y a la terre”, il ne suit pas “que la terre vole.”
L. Telles sont donc les doctrines que les Stoïciens maintiennent sur le sujet de la logique, afin d’établir autant que possible leur point que le logicien est le seul homme sage. Car ils affirment que toutes les affaires sont examinées au moyen de cette spéculation qui procède par argumentation, y compris sous cette affirmation à la fois celles qui appartiennent à l’aud naturel et celles qui appartiennent à la philosophie morale car, disent-ils, comment pourrait-on déterminer autrement la valeur exacte des noms, ou comment pourrait-on expliquer quelles lois sont imposées à telles ou telles actions? De plus, comme il y a deux habitudes à la fois accessoires à la vertu, l’une considère ce qu’est chaque chose existante, et l’autre demande comment elle s’appelle. Ce sont alors les notions des Stoïciens sur le sujet de la logique.
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LI. La partie éthique de la philosophie qu’ils divisent en le sujet de l’inclination, le sujet du bien et du mal, le sujet des passions, le sujet de la vertu, le sujet du bien principal, et de l’estimation primaire, et des actions; le sujet de ce que les choses deviennent, et d’exhortation et de dissuasion. Et cette division est celle établie par Chrysippe, et Archédème, et Zénon, de Tarse, et Apollodore, et Diogène, et Antipater, et Posidone. Pour Zénon, de Cittium, et Cleanthes, ont, comme étant plus anciens ils étaient susceptibles de, adopté une méthode plus simple de traitement de ces sujets. Mais ces hommes ont divisé la philosophie logique et la philosophie naturelle.
LII. Ils disent que le premier penchant qu’a un animal est de se protéger, comme la nature s’y intéresse dès le début, comme Chrysippe l’affirme dans le premier livre de son traité sur les Fins; où il dit, que le premier et le plus cher objet de tout animal est sa propre existence, et sa conscience de cette existence. Pour cela, il n’est pas naturel qu’un animal soit aliéné de lui-même, ou même amené dans un état tel qu’il soit indifférent à lui-même, n’étant ni aliéné de lui-même ni intéressé par lui-même. Il reste donc à affirmer que la nature a lié l’animal à lui-même par la plus grande unanimité et affection car par ce moyen elle repousse tout ce qui est nuisible, et attire tout ce qui lui est apparenté et désirable. Mais quant à ce que certaines personnes disent, que la première inclination des animaux est le plaisir, elles disent ce qui est faux. Car ils disent que le plaisir, s’il en est quelque chose, n’est qu’un accessoire, que la nature, après l’avoir cherché par elle-même, ainsi que ces choses adaptées à sa constitution, reçoit incidemment de la même manière que les animaux sont heureux et que les plantes fleurissent.
De plus, disent-ils, la nature ne fait aucune différence entre les animaux et les plantes, lorsqu’elle les régule. Afin de les laisser sans mouvement ou sens volontaire; et certaines choses aussi se déroulent en nous-mêmes de la même manière que dans les plantes. Mais, comme l’inclination des animaux tend principalement à les faire poursuivre ce qui leur convient, nous pouvons dire que leurs inclinations sont régulées par la nature. Et comme la raison est donnée aux animaux rationnels selon un principe plus parfait, il s’ensuit que vivre correctement selon la raison est correctement fondé sur ceux qui vivent selon la nature. Car la nature est pour ainsi dire l’artiste qui produit l’inclination.
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C’est pourquoi Zénon a été le premier écrivain qui, dans son traité sur la Nature de l’Homme, a dit que le bien principal était de vivre selon la nature, qui est de vivre selon la vertu, car la nature nous conduit à ce point. Et de la même manière Cleanthes parle dans son traité sur le Plaisir, de même que Posidone et Hécaton dans leurs essais sur les Fins en tant que Bien Principal. Et encore, vivre selon la vertu est la même chose que vivre selon son expérience des choses qui se produisent par nature; comme l’explique Chrysippe dans le premier livre de son traité sur le Bien Principal. Car nos natures individuelles sont toutes des parties de la nature universelle; c’est pourquoi le principal bien est de vivre d’une manière correspondant à la nature, et cela signifie correspondre à sa propre nature et à la nature universelle; ne faisant aucune de ces choses que la common law de l’humanité a l’habitude d’interdire, et cette common law est identique à cette raison juste qui imprègne tout, étant la même chose avec Jupiter, qui est le régulateur et le principal gestionnaire de toutes les choses existantes.
Encore une fois, cette chose même est la vertu de l’homme heureux et le bonheur parfait de la vie quand tout est fait selon une harmonie avec le génie de chaque individu en référence à la volonté du gouverneur universel et gestionnaire de toutes choses. Diogène, en conséquence, dit expressément que le bien principal est d’agir selon une raison saine dans notre sélection des choses selon notre nature. Et Archidème le définit comme vivant dans l’exercice de tous les devoirs en devenir. Chrysippe comprend encore que la nature, d’une manière correspondant à laquelle nous devrions vivre, est à la fois la nature commune, et aussi la nature humaine en particulier; mais Cleanthes n’admettra aucune autre nature que la nature commune seule, comme celle à laquelle les gens devraient vivre d’une manière correspondant; et rejette toute mention d’une nature particulière. Et il affirme que la vertu est une disposition de l’esprit toujours cohérente et toujours harmonieuse; qu’il faut la rechercher pour elle-même, sans être influencé par la peur ou l’espoir par une influence extérieure. D’ailleurs, que c’est en elle que consiste le bonheur, comme produisant dans l’âme l’harmonie d’une vie toujours cohérente avec elle-même ; et que si un animal rationnel va dans le mauvais sens, c’est parce qu’il se laisse induire en erreur par les apparences trompeuses des choses extérieures, ou peut-être par l’instigation de ceux qui l’entourent; car la nature elle-même ne nous donne jamais que de bonnes inclinations.
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LIV. Or la vertu est, pour parler généralement, une perfection en tout, comme dans le cas d’une statue; qu’elle soit invisible comme bonne santé, ou spéculative comme prudence. Car Hécaton dit, dans le premier livre de son traité des Vertus, que les vertus scientifiques et spéculatives sont celles qui ont une constitution issue de la spéculation et de l’étude, comme, par exemple, la prudence et la justice; et que celles qui ne sont pas spéculatives sont celles qui sont généralement considérées dans leur extension comme un résultat ou un effet pratique de la première; comme par exemple, la santé et la force. En conséquence, la tempérance est l’une des vertus spéculatives, et il arrive que la bonne santé la suive généralement, et qu’elle soit rassemblée comme à côté d’elle; de la même manière que la force suit la structure appropriée d’une arche. — Et les vertus non cumulatives tirent leur nom du fait qu’elles ne procèdent d’aucun acquiescement reflété par l’intelligence; mais elles sont dérivées des autres, ne sont que des accessoires, et se trouvent même chez des personnes sans valeur, comme dans le cas de la bonne santé, ou du courage. Et Posidone, dans le premier crochet de ses traités sur l’éthique, dit que la grande preuve de la réalité de la vertu est que Socrate, et Diogène, et Antisthène, ont fait de grandes améliorations; et la grande preuve de la réalité du vice se trouve dans le fait qu’il s’oppose à la vertu.
Encore une fois, Chrysippe, dans le premier livre de son traité sur le Bien en Chef, Cléthes, Posidone dans ses Exhortations et Hécaton, sont tous d’accord pour que la vertu puisse être enseignée. Et qu’ils aient raison, et que cela puisse être enseigné, est évident de la part des hommes qui deviennent bons après avoir été mauvais. Sur ce compte, Panaetius enseigne qu’il y a deux vertus, l’une spéculative et l’autre pratique; mais d’autres en font trois sortes, la logique, la naturelle et l’éthique. Posidone divise la vertu en quatre divisions; et Cleanthes, Chrysippe et Antipater rendent les divisions plus nombreuses encore; car Apollophane affirme qu’il n’y a qu’une vertu, à savoir la prudence.
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Parmi les vertus certaines sont primitives et d’autres sont dérivées. Les primitifs sont la prudence, le courage viril, la justice et la tempérance. Et subordonnés à ceux-ci, en tant que sorte d’espèce contenue en eux, sont la magnanimité, la continence, l’endurance, la présence de l’esprit, la sagesse en conseil. Et les Stoïciens définissent la prudence comme une connaissance de ce qui est bon, et mauvais, et indifférent; la justice comme une connaissance de ce qui doit être choisi, de ce qui doit être évité, et de ce qui est indifférent; la magnanimité comme une connaissance d’engendrer une habitude élevée, supérieure à tous les accidents qui arrivent indifféremment à tous les hommes, qu’ils soient bons ou mauvais; la continence ils considèrent une disposition qui n’abandonne jamais la raison juste, ou une habitude qui ne cède jamais au plaisir; l’endurance ils appellent une connaissance ou une habitude par laquelle nous comprenons ce que nous devons endurer, ce que nous ne devons pas, et ce qui est indifférent; la présence d’esprit qu’ils définissent comme une habitude prompte à trouver ce qui convient en cas d’urgence soudaine; et la sagesse dans les conseils qu’ils pensent une connaissance qui nous amène à juger ce que nous devons faire et comment nous devons le faire, afin d’agir de manière croissante. Et de manière analogue, parmi les vices aussi, il y en a qui sont primaires, et d’autres qui sont subordonnés; comme, par exemple, la folie et la lâcheté, l’injustice et l’intempérance sont parmi les vices primaires; l’incontinence, la lenteur et la folie dans les conseils parmi les subordonnés. Et les vices sont l’ignorance de ces choses dont les vertus sont la connaissance.
LV. Bien, considéré d’une manière générale, est un avantage, avec la distinction plus particulière, étant en partie ce qui est réellement utile, en partie ce qui n’est pas contraire à l’utilité. À cause de quoi la vertu elle-même et le bien qui participe à la vertu sont évoqués dans une triple vision du sujet. Premièrement, quant à quel genre de bien c’est, et de ce qu’il en résulte; comme, par exemple, dans une action faite selon la vertu. Deuxièmement, en ce qui concerne l’agent, dans le cas d’un homme bon qui participe à la vertu.