L’effet des informations collatérales sur l’engagement psychiatrique involontaire
Les informations collatérales sont un élément clé obtenu au cours du processus d’admission en psychiatrie par lequel les cliniciens recueillent des informations fournies sur le patient auprès des contacts connus du patient. Malgré son utilité dans la formulation d’une évaluation et d’un plan, les informations collatérales peuvent être trompeuses et créer de faux biais qui amènent les cliniciens à maintenir ou à prolonger un engagement involontaire. Cela soulève des inquiétudes quant à la nécessité de dépister les informations collatérales trompeuses, car l’admission involontaire dans un établissement psychiatrique hospitalier peut avoir des effets négatifs durables sur les personnes pour lesquelles les soins psychiatriques hospitaliers ne sont pas indiqués.1
Je décris ici un cas dans lequel les informations collatérales obtenues sur un patient étaient un facteur principal de l’engagement involontaire de ce patient. Cependant, le comportement ultérieur du patient observé dans une unité psychiatrique hospitalisée était totalement incompatible avec les comportements décrits par l’informateur collatéral comme étant “continus et dangereux.”
CAS
M. M, 18 ans, a été présenté à un centre psychiatrique d’urgence pour évaluation d’un comportement dangereux et agressif. Il avait des antécédents de trouble du spectre de l’autisme (TSA), qui a été bien géré avec de la rispéridone orale. Il a demandé une admission psychiatrique involontaire par sa mère adoptive, qui a rapporté que M Mr M était agressif et dangereux, perçant souvent des trous dans les murs de leur maison, et qu’il menaçait d’agresser ses frères et sœurs adoptifs à plusieurs reprises. Elle a détaillé les antécédents de M. M en déclin progressif et a déclaré qu’il ” parlait constamment à des voix dans sa tête qui le consument absolument”, dans la mesure où M. M ne pouvait pas prêter attention à ses tâches quotidiennes. Le psychiatre admettant a confirmé la demande d”admission involontaire, citant que sur la base des informations collatérales de la mère de la famille d”accueil, M Mr M était considéré comme un danger pour autrui et remplissait donc les critères d’admission psychiatrique involontaire.
Une fois admis à l’unité psychiatrique pour patients hospitalisés, on a observé que M. M était agréable, coopératif et pleinement engagé dans le milieu. À aucun moment au cours de son admission de 7 jours, il n’a été observé préoccupé intérieurement ou désorganisé à distance. M. M est passé de la rispéridone orale à l’halopéridol oral parce qu’il a développé une gynécomastie aiguë et a été renvoyé chez lui.
Les informations collatérales conduisent-elles à un biais injuste?
L’importance des informations collatérales sur le processus d’admission en psychiatrie ne doit pas être sous-estimée. C’est l’occasion d’entendre un compte rendu de première main de comportements compatibles avec une perturbation psychiatrique aiguë, et nous guide dans la formulation d’une évaluation et d’un plan cliniquement appropriés. Mais que se passe-t-il lorsque les contacts étroits ou les informateurs de nos patients fournissent des informations collatérales trompeuses ou involontairement sous-optimales? Comment concilier l’obligation éthique et légale de concilier autonomie du patient et bienveillance ?
Des études portant sur les attitudes des patients à l’égard des admissions involontaires ont régulièrement révélé que les patients sont moins susceptibles que le personnel clinique de considérer l’admission involontaire comme cliniquement justifiée.2 Conformément à ces conclusions, M. M n’a pas jugé son admission nécessaire. Au début, il semblait manquer de perspicacité concernant les événements qui ont précipité son admission involontaire, se décrivant non pas comme répondant à des stimuli internes, mais plutôt, “imaginatif parce que j’ai l’autisme.”Au fil du temps, cependant, il était clair que son récit de son comportement était en fait correct.
Le diagnostic de TSA de M. M compliquait encore davantage la dépendance excessive à l’égard d’informations collatérales trompeuses fournies par sa mère adoptive, car le psychiatre admis percevait invariablement M. M comme un mauvais historien. Une étude examinant la façon dont les antécédents subjectifs décrits par les patients atteints de troubles neurologiques ou psychiatriques sont perçus par les cliniciens a révélé que les médecins avaient tendance à créer des stéréotypes négatifs et accordaient moins de crédit aux antécédents subjectifs de ces patients.3 D’autres publications ont également conclu qu’il est urgent de peser soigneusement les informations qui nous sont fournies par les informateurs collatéraux, car les récits de première main de comportements manifestement dangereux sont souvent incomplets ou trompeurs.4-5
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