Les Gens Charmants Sont-Ils Dangereux?
Mon mari et moi avons une dispute de longue date sur la valeur du charme. Selon lui, il faut se méfier de la personne charmante, faire attention au flatteur (même si je l’ai vu charmé par la flatterie comme nous le sommes tous), et se méfier des discours lisses.
Je prends davantage le point de vue français. Ils ont un dicton sage: “L’hypocrisie est l’arc que le vice rend à la vertu.”Et je prendrai cet arc. Les bonnes manières, même un peu de flatterie, une attitude joyeuse et de bonne humeur face aux difficultés de la vie facilitent les choses, me semble-t-il.
Et le charme peut être spontané sûrement, en particulier le charme du petit enfant, de l’adolescent. Puis-je être charmant? Il me semble qu’ils le peuvent.
Mais mon mari me dit qu’il a dit à ses deux petits garçons que si un sans-abri sale et grossier devait s’approcher d’eux dans le parc pour ne pas avoir peur, mais si un étranger bien habillé et poli s’approchait d’eux et leur demandait s’ils aimeraient venir rencontrer son petit garçon, ils devraient s’enfuir aussi vite qu’ils le pouvaient. Alors, qui a raison?
Quand on regarde l’origine latine du mot charme, carmen, cela signifie chant ou incantation. Le vieux mot français charme signifie magie, et il y a un soupçon de magie ou un sort que la personne charmante nous jette, parfois simplement pour nous manipuler et nous contrôler. Il est également vrai que le psychopathe est souvent charmant et utilise le charme pour nous amener à faire ce qu’il / elle souhaite que nous fassions.
Je devrais aussi convenir que la base de toute bonne relation devrait sûrement être la vérité émotionnelle, pas une sorte de bagout poli ou de douceur frémissante, et le vieil adage que nous avons entendu quand nous étions enfants, “Ne dites rien si ce n’est pas agréable”, semble dépassé et restrictif aujourd’hui. Nous encourageons nos enfants à nous dire leurs vrais sentiments et nous essayons de leur raconter les nôtres.
Mais n’y a-t-il pas, aussi, une sorte de narcissisme impliqué dans toute cette sincérité ? Une confession de vrais sentiments est-elle toujours dans l’intérêt de l’auditeur? Mon ex-mari, qui m’a dit qu’il avait besoin de me dire la vérité sur ses sentiments: son amour pour une autre femme, sa culpabilité, sa souffrance, me faisait-il une faveur ou lui-même? N’aurait-il pas été plus difficile pour lui de mentir, de camoufler et de dissimuler ? En d’autres termes, devrions-nous tout dire sans tenir compte des sentiments de l’autre? Devrions-nous nous engager dans des querelles sans fin et des arguments insensés? Un tel comportement n’érode-t-il pas inévitablement une relation? Ne devrions-nous pas essayer de dire ce qui fera plaisir à un autre même si ce n’est pas toujours strictement la vérité.
Comme d’habitude, la vérité réside dans une sorte de distance intermédiaire, une attitude bien équilibrée. Nous devons essayer de trouver le moyen de maintenir la sincérité émotionnelle sans nécessairement causer de détresse; de trouver un moyen d’exprimer nos émotions et nos opinions sincères aux autres sans nuire à leur vanité, ce qui pourrait être parfois impossible!
Sheila Kohler est l’auteur de nombreux livres dont Becoming Jane Eyre et le récent Dreaming for Freud.
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