Sociologie

Les théoriciens des conflits ne croient pas que les écoles publiques réduisent les inégalités sociales. Ils croient plutôt que le système éducatif renforce et perpétue les inégalités sociales qui découlent des différences de classe, de sexe, de race et d’ethnicité. Là où les fonctionnalistes voient l’éducation comme un rôle bénéfique, les théoriciens du conflit le voient plus négativement. Pour eux, les systèmes éducatifs préservent le statu quo et poussent les personnes de statut inférieur à l’obéissance.

 Garçon donnant un coup de pied à un ballon de football sur une aire de jeux vers trois autres garçons qui sont en cage contre un mur par un petit poteau de but en métal. Les garçons pleurent ou se tiennent les oreilles.

Les théoriciens du conflit voient dans le système éducatif un moyen par lequel ceux qui sont au pouvoir restent au pouvoir. (Photo avec l’aimable autorisation de Thomas Ricker / flickr)

L’accomplissement de son éducation est étroitement lié à la classe sociale. Les étudiants de faible statut socio-économique n’ont généralement pas les mêmes opportunités que les étudiants de statut supérieur, peu importe leur capacité académique ou leur désir d’apprendre. Imaginez un élève d’un foyer ouvrier qui veut bien réussir à l’école. Un lundi, on lui a assigné un journal qui doit être publié vendredi. Lundi soir, il doit garder sa sœur cadette pendant que sa mère divorcée travaille. Mardi et mercredi, il travaille à stocker des étagères après l’école jusqu’à 22h00. Jeudi, le seul jour où il pourrait être disponible pour travailler sur cette mission, il est tellement épuisé qu’il ne peut pas se résoudre à commencer le journal. Sa mère, bien qu’elle aimerait l’aider, est tellement fatiguée elle-même qu’elle n’est pas capable de lui donner l’encouragement ou le soutien dont il a besoin. Et comme l’anglais est sa deuxième langue, elle a de la difficulté avec certains de ses matériels pédagogiques. Il leur manque également un ordinateur et une imprimante à la maison, ce que la plupart de ses camarades de classe ont, ils doivent donc compter sur la bibliothèque publique ou le système scolaire pour accéder à la technologie. Comme le montre cette histoire, de nombreux étudiants issus de familles de la classe ouvrière doivent faire face à une aide à la maison, à une contribution financière à la famille, à un environnement d’étude médiocre et à un manque de soutien de la part de leurs familles. Il s’agit d’une correspondance difficile avec les systèmes éducatifs qui adhèrent à un programme d’études traditionnel plus facile à comprendre et à compléter par les étudiants des classes sociales supérieures.

Une telle situation conduit à la reproduction des classes sociales, largement étudiée par le sociologue français Pierre Bourdieu. Il a étudié comment le capital culturel, ou connaissance culturelle qui sert (métaphoriquement) de monnaie qui nous aide à naviguer dans une culture, modifie les expériences et les opportunités offertes aux étudiants français de différentes classes sociales. Les membres des classes supérieures et moyennes ont plus de capital culturel que les familles de classe inférieure. En conséquence, le système éducatif maintient un cycle dans lequel les valeurs de la culture dominante sont récompensées. L’enseignement et les tests répondent à la culture dominante et laissent les autres qui ont du mal à s’identifier aux valeurs et aux compétences en dehors de leur classe sociale. Par exemple, il y a eu beaucoup de discussions sur ce que les tests standardisés tels que le SAT mesurent vraiment. Beaucoup soutiennent que les tests regroupent les étudiants en fonction de leurs capacités culturelles plutôt que de leur intelligence naturelle.

Regardez cette vidéo pour mieux comprendre l’impact du capital culturel sur un étudiant hypothétique.

Le cycle de récompense de ceux qui possèdent un capital culturel se trouve dans les programmes d’enseignement formels ainsi que dans le programme caché, qui fait référence au type de connaissances non académiques que les élèves apprennent par l’apprentissage informel et la transmission culturelle. Ce programme caché renforce les positions de ceux qui ont un capital culturel plus élevé et sert à accorder un statut inégal.

Les théoriciens du conflit pointent vers le tracking, un système de tri formalisé qui place les étudiants sur des “pistes” (avancées versus faibles) qui perpétuent les inégalités. Alors que les éducateurs peuvent croire que les élèves réussissent mieux dans les classes suivies parce qu’ils sont avec des élèves ayant des capacités similaires et peuvent avoir accès à une attention plus individuelle de la part des enseignants, les théoriciens du conflit estiment que le suivi mène à des prophéties auto-réalisatrices dans lesquelles les élèves répondent (ou moins) aux attentes des enseignants et de la société (Semaine de l’éducation, 2004).

Pour les théoriciens du conflit, les écoles jouent le rôle de former les étudiants de la classe ouvrière à accepter et à conserver leur position de membres inférieurs de la société. Ils soutiennent que ce rôle est rempli par la disparité des ressources disponibles pour les élèves des quartiers riches et pauvres ainsi que par des tests (Lauen et Tyson 2008).

Les tests de QI ont été attaqués pour être biaisés – pour tester les connaissances culturelles plutôt que l’intelligence réelle. Par exemple, un élément de test peut demander aux élèves quels instruments appartiennent à un orchestre. Pour répondre correctement à cette question, il faut certaines connaissances culturelles – des connaissances le plus souvent détenues par des personnes plus aisées qui sont généralement plus exposées à la musique orchestrale. Bien que les experts en tests affirment que le biais a été éliminé des tests, les théoriciens du conflit soutiennent que cela est impossible. Ces tests, pour les théoriciens du conflit, sont une autre façon par laquelle l’éducation ne fournit pas d’opportunités, mais maintient au contraire une configuration de pouvoir établie.

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